Nouvelle Zélande 2023

Nouvelle Zélande  2023

The lady of the lakes

lady boat

 

Je suis une très vieille dame de plus de 110 ans et mon nom de jeune fille est "The lady of the lakes".

Pour des raisons que j'ignore j'ai été rebaptisée du nom horrible et très peu britannique de TSS Earnslaw.

Je suis née en 1912 la même année que mon regretté cousin "Le Titanic" fauché en pleine jeunesse par l'inconséquence d'humains.

 

En réalité , j'ai été conçue un an plus tôt dans les chantiers Mc Gregor de Duneddin près de l'océan indien.

Mon coeur, mes muscles et mes jambes (ce que vous autres humains appelez "le moteur")  ont été construits dans la même usine que mes cousines locomotives à vapeur. Hélas je n'ai pas couru sur les rails ni navigué sur l'océan car à peine presque finie, j'ai été démontée en pièces détachées numérotées puis conduite par train sur les bords du lac Wakapitu. C'est là que j'ai été remontée et que j'ai pris conscience d'être moi même. 

Des humains du nom de Nietsche ou Pascal pourraient écrire des tas de mots sur le sujet.

 

Mon coeur est une énorme chaudière à charbon. La  gourmandise étant mon péché mignon , je peux engloutir une tonne de charbon à l'heure lorsque je me dépense à fond. Quelques vulgaires humains prétendent que j'émets à moi seule 1 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre liées au transport dans le district de Queenstown.

Je marche sur deux jambes (que vous appelez des arbres de transmission) . Chacune de ces jambes est  un mécanisme merveilleux puisqu'il commande à la fois trois cylindres et les soupapes de communication entre les cylindres. Ainsi la pression délivrée par ma chaudière est parfaitement utilisée à chaque cylindre : haute pression  puis moyenne et  enfin basse pression.

Mes deux jambes font élégamment tourner une hélice qui me permet de déplacer mes 340 tonnes.

Avec mes 50 mètres de long et les 14 tonnes de charbon que je peux emporter, je peux me déplacer à 20 km/h (13 noeuds) .

 

Ici vous pouvez visitez mes machines et même voir le soutier m'alimenter en charbon.

 

 

J'ai été le plus grand navire à vapeur de Nouvelle Zélande. Il est vrai que je reste le dernier.

 

Je n'ai même pas besoin de manivelle ni de démarreur électrique contrairement à ces coques de noix bruyantes qui ont envahi le lac depuis plusieurs années. Il suffit de faire monter la pression dans mon coeur pour que le premier cylindre se mette à tourner entraînant les trois autres et voilà que je suis partie de ma respiration souple de baryton.

Un navire bien éduqué se doit d'avancer noblement avec peu de vagues d'étrave et aussi peu de remous que possible. Ces nouveaux parvenus mal éduqués provoquent d'horribles sillages et des vagues d'étrave vraiment indécentes.

Je suis toujours bien alimentée  en charbon à la fois gouleyant et fruité par de gentils humains.

Grâce aux progrès de la chirurgie moderne , que vous appelez "mécanique", mes artères et mes muscles sont en parfait état  malgré mon âge avancé.

 

A mes débuts, jeune et pleine de fougue, comme il y avait peu de routes autour du lac, je transportais  toutes sortes d'objets et d'animaux : troupeaux de moutons, chevaux, charrues, blé et autres produits agricoles. Puis les temps ont changé. Mes cousines, les locomotives à vapeur ont disparu. Les véhicules vrombissant sans rail se sont développés autour de moi.  En 1968 j'ai même failli être mise à mort et découpée en petit morceaux. 

Heureusement des humains respectueux du passé  m'ont prise sous leur protection et donné une seconde jeunesse. Ma cheminée a été repeinte en rouge vif, ma coque en blanc comme la neige des montagnes. Des médecins spécialisés ont ausculté mon coeur et mes jambes et pratiqué une habile chirurgie réparatrice.

Je me sens maintenant plus jeune et plus vive qu'à ma naissance.

 

J'ai eu l'insigne honneur de transporter sa majesté  Elisabeth II et de nombreux  princes et rois de moindre importance. Un compositeur a même écrit une musique qui reprend le doux son de mes pistons.

Désormais je ne transporte plus que des humains en vacances sur des courtes distances. Un pianiste à mon bord joue souvent des airs langoureux qui me rappellent mes jeunes années. Je suis nourrie avec un charbon savoureux et mes articulations sont régulièrement graissées et surveillées par des mains expertes.

 

Je suis, paraît il, un témoignage important du patrimoine historique de la Nouvelle Zélande. Tous les deux ans, je suis entièrement révisée dans un endroit où il n'y a plus d'eau, et de nombreux médecins attentionnés  s'affairent autour de ma coque et de mon pont. 

 

Je me sens une santé de fer qui pourrait me conduire à devenir  bi-centenaire.

 

 

 



25/01/2023
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 28 autres membres