Nouvelle Zélande 2023

Granset est grand et élancé.

il adore être admiré et reconnu.

Il travaille à Roissy, on ne sait pas trop à quel poste mais en tout cas, il a un badge couleur marron avec un avion dessus.

Aujourd'hui il a décidé de se rendre utile.

La cousine du voisin d'un copain de sa tante va prendre l'avion pour se rendre à  Saigon via Dubai pour les fêtes du nouvel an lunaire.

Grandset, lui a toute suite dit "Si tu vas à Roissy, n'oublie pas de monter.. me voir. Je te ferai éviter les files d'attente. Tu vas voir, je suis un homme important".

La cousine en question l'a appelé en arrivant au Terminal 2A.  Granset l'a rejointe à la sortie du RER pour la conduire dans les halls déserts.

"Tu vois c'est ici que je travaille, dans ce lieu majestueux et magnifique, éclairé à Giorno et chauffé à 20 degrés même lorsqu'il est vide".

" C'est impressionnant lui a dit la cousine".

Il l'accompagne au comptoir 5 où a  lieu l'enregistrement. Il est plein comme un oeuf dirait Brassens.

Les tapis roulants sont en panne, les chariots abandonnés jonchent les passages, les files d'attentes sont interminables.

Grandset ne se décourage pas pour si peu, il doit montrer qu'il est un homme important pour que  la cousine le dise à tout le monde.

Il mûrit un plan d'attaque en deux temps. D'abord il contourne le comptoir des Gold et Business ( il pourrait se faire honteusement refouler, la Cousine est en classe éco) ,  puis il repique vers l'intérieur pour passer devant l'ensemble de la queue des "already checked in".

Pendant la maneuvre  il faut garder le front haut et l'air dégagé comme s'il avait le droit de la faire.

Il se plante devant le premier comptoir avec la cousine dans son sillage.

Hélas la fille en charge de l'enregistrement lui fait remarquer qu'il faut faire la queue et que son badge ne lui donne aucun droit. 

Tel le roseau, il plie devant l'affront mais  ne rompt pas et reste sur place. Un autre comptoir se libère il tente alors de se glisser mais un voyageur un peu énervé sort de la file et le signale au guichet.

Une autre voyageuse lui passe devant.

Caramba, encore raté!

S'ensuit une brève altercation et des remarques des autres voyageurs , il exhibe bien haut son badge et explique " qu'il fait son travail"

Comme il est resté au milieu, il réussit à passer le coup d'après.

Pendant qu'il enregistre la cousine, une responsable d'Emirates est venu relever son nom et son numéro de badge, Aie Aie .

Il a finalement réussi a faire passer devant la queue la cousine du voisin d'un copain de sa tante, mais il n'est pas certain que ce soit sans bavures ni effets secondaires.

Enfin, dans sa version de l'histoire qu'il racontera à foison, Il est un homme important à Roissy.

Henry est né en écosse

Il a appris le Français au lycée.

Il a ensuite travaillé en Angleterre et en Allemagne. La France est pour lui un lieu de villégiature gastronomique et vinicole. 

Pour lui les Français sont des charmeurs mais peu doués pour le service et l'accueil des touristes. En Camarque,  un restaurateur l'a pratiquement mis à la porte parce qu'il n'avait pas envie de le servir, peut être à cet instant, mais peut être en général.

A Orléans,  il a dégusté une très bonne omelette au jambon avec du très bon vin rouge.

Pour lui "Booordeaux" est un endroit où l'on fait du très bon vin, mais il ignore tout du bassin d'Arcachon.. jusqu'à son existence.

Bizarrement on comprend ce qu'il dit quand il parle anglais, alors que avec  la plupart des  australiens on ne comprend rien à leur parler, à  leur accent nasillard .

Son épouse  nous a couvert de plans de la région et d'explications détaillées sur toutes les choses à voir à 20 km à la ronde.

Ce point  d'information fait office de boutique de l'artisanat local. On y trouve des sacs en cuir, des bijoux et divers objets fabriqués par des artistes locaux.

Il est maintenant à la retraite. Sa femme et lui tiennent bénévolement le point d'information touristique tous les lundis, les autres jours de la semaine ce sont d'autres bénévoles.

Ils  ne sont pas à cheval sur les horaires; nous sommes arrivés à 14h55 et répartis vers 15h30 alors que la fermeture était théoriquement à 15h.

Tous les deux donnent une image sympathique et souriante des Australiens. 

Mon nom est Sam.

je suis un pélican vieux de 6 saisons et je nidifie au nord de l'ile triangulaire (Phillip Island NDLR)

Je vais vous parler d'une bizarre célébration quotidienne à laquelle se livrent les VSA.

Nous appelons VSA ( Vertical Sans Aile) des animaux assez nombreux dans notre région qui sont peu dotés par la nature. Ils n'ont même pas d'ailes pour voler ni de palmes pour nager mais deux moignons supérieurs sans nageoire qu'ils agitent souvent sans raison.

Aussi loin que remonte la mémoire des vieux pélicans, certains VSA vivant près d'un très grand arbre couché  ( c'est un pont NDLR) se livrent quotidiennement à une cérémonie étonnante.

Lorsque le soleil se trouve au sommet de sa course, ils se rassemblent au bord de l'eau et lèvent les yeux vers le ciel.

Lorsque mes amis Pélicans et moi même nous approchons de l'autel (un lieu qu'ils ont délimité avec des cordes),  ils agitent leurs petits moignons supérieurs et  poussent des petits cris.

Un VSA qui doit être le prêtre ou leur chef s'avance alors avec une grande boite dont il tire des poissons vivants qu'il nous distribue. 

Je dois reconnaitre, en tant que Pélican, que même si les VSA ne sont pas avantagés par la nature : ils ne savent pas voler et se déplacent lentement sur leurs pattes sans palmes, ils sont  toutefois doués de pouvoirs étonnants qui leur permettent de faire sortir des poissons vivants d'une boite jour après jour.

Nous autres Pélicans nous devons survoler les eaux puis plonger brutalement pour tenter d'attraper des poissons. C'est notre lot quotidien pour survivre comme pour nourrir nos petits.

Un vieux et sage Pélican prétend que cette cérémonie rituelle est une offrande à l'espèce dominante que constituent les Pélicans . Les VSA ne savent pas voler et vénèrent  la race supérieure de nous autres pélicans majestueux .

Un célèbre Pélican qui a beaucoup  observé les VSA pense également que les VSA ont peur que le soleil ne revienne pas chaque nouveau jour et c'est pourquoi ils le saluent lorsqu'il est au sommet de sa course.

Pour ma part, je trouve cette cérémonie excellente. J'observe chaque jour la course du soleil et lorsqu'il approche de son sommet, je me dirige avec quelques amis près du très grand arbre couché pour recevoir cette offrande de la part des VSA.

Je note de plus qu'ils sont assez réguliers dans leur célébration. Qu'il pleuvent ou qu'il vente le grand prêtre est toujours présent avec sa boite de poissons frais et  fait montre de son respect à notre égard.

Nous espèrons cependant que les grands changements que nous autres pélicans observons dans le climat ne mettront pas trop en péril l'espèce des VSA. Si cette espèce venait à être menacée voire à disparaitre ce serait dommageable pour mes amis et moi même.

Nous autres pélicans savons nous adapter aux périodes de sécheresse comme  de grande pluie, nous mangeons des poissons,  des petits oiseaux voire des insectes et des crustacés.

Emmy est née sur les bords du lac TEKAPO.

Ses parents ont une ferme avec de milliers de moutons mérinos, son grand frère Brian est passionné par la chasse à l'Elan et le pêche à la truite. La ferme est pleine de  ses trophées.

Emmy  est fascinée par le mont Toby de 2222 m qu'elle voit de sa chambre et ses sommets enneigés toute l'année.

Pendant les vacances scolaires, elle donne un coup de main à son oncle et sa tante qui tiennent le restaurant Mac Quenzie près du Lac.

Lors d'une sortie scolaire , elle a découvert le glacier de Tasman et la statue de Edmund Hillary. C'est l'enfant du pays  qui a gravi l'Himalaya et exploré l'Antarctique.

C'est décidé Emmy sera explorateur.

Yvon imite la statue de Edmund Hilary

Emmy a réussi à se faire embaucher au comptoir de la boutique de l'hôtel Hermitage qui organise des sorties sur le lac du glacier Tasman.

Puis enfin elle est devenue guide sur les bateaux  du parc national Aoraki qui emmènent les touristes sur le lac du glacier.

Emmy leur explique d'abord les consignes de sécurité, puis vérifie que leur gilet de sauvetage est bien attaché. Pour rigoler elle leur dit que c'est le seul moyen de les retirer de l'eau à 3 °C s'ils tombent dedans.

Pour les rassurer, elle accélère un bon coup et cabre le bateau pour qu'ils voient bien qu'il est stable.

Elle connait par coeur l'histoire du glacier qui fait 4 km de large et dont la profondeur peu atteindre 600 M. Elle est intarissable  sur  les icebergs qui se détachent du glacier  puis peuvent se retourner sur eux même. 

Elle approche le bateau des icebergs pour que les touristes puissent les toucher et saisir de la glace.

Certains mettent de l'eau du lac dans leur gourde et la boivent sur la recommandation de Emmy. 

Elle aime bien les sorties d'été quand il fait plein soleil, mais elle préfère de beaucoup les sorties d'hiver quand le vent froid souffle en rafales et que le flocons de neige fouettent le visage par moins 5°C. Les touristes sont gelés mais elle a l'impression qu'elle avance  dans le blizzard de la mer de Ross sur les rives du continent Austral.

Emmy  n'a besoin de personne au volant de son bateau jaune sur le lac du glacier. Quand elle sent en chemin les trépidations du puissant moteur Yamaha, Il lui monte des désirs dans le creux de ses reins.

Emmy n'a pas de petit ami régulier, son grand amour c'est le glacier Tasman.

Un jour elle rencontrera un nouvel Edmund Hillary, ils iront ensemble gravir les plus grands sommets et explorer l'Antarctique tout proche. 

Qui sait ?

Martin est originaire des Philippines.

A l école primaire déjà, Martin ne savait pas.

La plupart des autres enfants étaient au courant, mais pas Martin.

En grandissant, ne pas savoir devient de plus en plus gênant. On ne sait que faire, ou se mettre, que dire.

Ses parents  ne pouvaient pas l'aider car eux mêmes ne semblaient pas savoir.

Alors, la vie de Martin n'est pas simple, toujours dans l'ignorance et l'incertitude, avec la peur de commettre une erreur par ignorance.

Martin est en perdition.

Après plusieurs tentatives professionnelles, Martin a trouvé sa voie : s'occuper de gens qui savent encore moins que Martin.

Son boulot c'est l'assistance dans la vie quotidienne aux débiles mentaux. Ses patients sont désorientés pour toutes les taches les plus simples de la vie courante. Martin apparait alors comme un repère, un havre de certitudes et de stabilité.

Quelqu'un qui sait.

Sa résidence est une petite ville de l'île du Sud de Nouvelle Zélande. De là, sa petite voiture bleue peut  conduire chez tous les patients qui ont besoin d'aide dans l'ile du sud. Ce sont des particuliers comme des instituts spécialisés. Sa soeur l'a rejoint pour vivre en Nouvelle Zélande, mais sa famille  n'a pas revu Martin depuis 5 ans. 

Martin travaille pour son propre compte, en "Free  Lance", les commandes arrivent par téléphone ou par mail. Le plus souvent le client rembourse  les frais de déplacement en  voiture car la densité de population est faible et il faut parcourir de grandes distances pour voir tous les patients.

Lorsque  les visites sont trop éloignées de sa résidence, Martin passe la nuit dans un bed & breakfeast ou un hôtel. Martin aime bien la route car les paysages sont variés et les routes assez bonnes.   

Martin aime son travail car cette activité rend service à des gens qui en ont besoin et ont encore plus de questions sans réponses . Ses patients ne lui posent pas de questions car eux mêmes vivent dans l'incertitude.

Martin ne sait pas s'il (ou elle) est un homme ou une femme.

Péllé a 18 ans, il est Allemand

Après ses études secondaires en Allemagne,  il est parti seul en voyage.

D’abord Singapour, qui lui a semblé intéressant, puis il est venu en Nouvelle Zélande.

En passant devant il a trouvé du boulot  au cathedral café de Manapouri. Le cathedral Café est le seul commerce de Manapouri. Il fait café , restaurant, épicerie et boutique de souvenirs. La station-service est devant mais il n’y a pas de prix affichés sur les pompes. Manapouri est un bled perdu au sud du sud de l’île sud de Nouvelle Zélande. La route s’arrête là. Il faut faire demi -tour pour aller ailleurs.

Au bout de la route, le port s’appelle « Pearl Harbour » !

Le Cathedral cafe

En arrivant Péllé nous a dit que nous étions de « riches «  Français.  Français reconnaissables à notre accent, riches parce que les gens qui s’arrêtent ici sont des gens riches qui voyagent en classe « business ». Nous le détrompons, nous voyageons en classe « economy ».  

Il ne voit passer dit-il que des  riches « business guy » avec leurs grosses voitures et plein de trucs à l’intérieur.

Péllé a passé un an ici. En septembre il retourne à l’université en Allemagne. Il ne sait pas encore quelle matière il va choisir ; peut être le latin ou l’espagnol.  Le latin permet de mieux comprendre l’espagnol et l’italien. Le français aussi lui dit-on, mais il n’aime pas le français.