Nouvelle Zélande 2023

En partant de Rotorua, la prochaine étape pour rejoindre Auckland est un détour par la presqu’île de Coromandel et l’« étape » de Nowhere Beach.

Nowhere Beach n’est référencé dans aucun guide, néanmoins le GPS accepte la destination et indique 2h 30 de temps de parcours. Au fur et à mesure que nous avançons dans la presqu’île de Coromandel, les routes de montagne sont de plus en plus serrées avec des virages limités à 25 km/h et une pluie battante.

Au bout de deux heures de route, Le GPS indique qu’il reste encore une heure de trajet. Nous alignons les km mais le temps à parcourir ne diminue pas. Le temps est comme un élastique : plus on avance dans les virages et sous la pluie, plus on étire le temps qui reste pour arriver.

La route est parsemée de travaux et de ralentissements. Dans les virages serrés de montagne, on est frôlé par des semis-remorques fous chargés de billes de bois qui nous croisent à toute vitesse. Le pare-brise est couvert par les gerbes d’eau que les essuie-glace peinent à balayer.  

Au bout d’un temps qu’on ne compte plus, on arrive en vue de Nowhere Beach. Au dernier carrefour, la route que nous devions prendre pour le retour est fermée avec panneaux d’interdiction et voiture de police.

L’autonomie du réservoir de carburant qui était de 400 km est tombée à zéro . La station-service de  Nowhere beach est fermée pour réparations pour une durée indéterminée.

Le Nowhere Beach Hôtel où notre chambre est réservée est un assemblage hétéroclite de bungalows rustiques. Notre chambre ne comporte qu’un lit à une place ; le prix est celui d’une suite au Manhattan Club de Central Park à NYC.  La patronne nous montre que la réservation était faite pour une chambre à un lit et que comme c’est les vacances il n’y a rien d’autre de libre à la ronde.

De plus notre bungalow est le N°..... 13.

Le plan de Nowhere Beach est organisé autour d’une grande artère où ne circule nul véhicule.

On ne croise personne dans les grandes avenues perpendiculaires.

La population semble regroupée à l’intérieur du Club local qui comporte un terrain de criquet vide, au gazon millimétré. Le parking du club est plein de voitures mais on ne voit personne à l’extérieur des batiments.

La grande artère de Nowhere beach se termine dans un cul de sac avec l’océan pacifique à droite et une rivière à gauche.

Un ferry permet de traverser pour atteindre le village en face, mais il est fermé pour « manque de personnel à cause du covid ».

Le minuscule "centre commercial" comporte un supermarché et deux restaurants. Au supermarché, le paiement par CB et en panne, on ne peut payer que « cash only ». Comme nous n’avons pas de liquide et que le prochain distributeur est à des heures de route, nous sommes dispensés de faire des courses.  

L’un des deux restaurants est « fully booked at 5 pm » nous proposons de venir plus tard, 7 or 8 pm mais « Sorry but no ». Nous réussirons peut-être à retenir une table au second restaurant.

Ici les gens parlent un anglais bizarre où les E sont remplacé par des I ; « eleven » se prononce « ilivin » et les i sont remplacés par des « aaa » ; « the bill » devient « the baal ».

Miss Jewel se trouve au point d’information, elle sourit et on comprend tout ce qu’elle dit.

Elle nous explique que la route vers Auckland a été coupée à cause des pluies intenses ( 3 mois de pluie en 24 h) et qu’il y a des éboulements sur les autres routes qui partent de Nowhere Beach. Pour rejoindre Auckland, il faut faire un détour de 2 heures … tant que les éboulements n’ont pas coupé les autres routes.

Jewel pourrait porter un petit chapeau pointu et une longue robe avec une baguette magique. Vous l’avez deviné c’est la bonne fée de Nowhere beach.

Nowhere beach, c’est un peu comme l’île qu’on ne peut pas quitter dans le feuilleton des années soixante « le prisonnier » où Patrick Mc Gowan est appelé « N°6 ».

En fait Nowhere beach, c’est nightmare beach.

La route de Auckland à Nowhere beach détruite par un glissement de terrain